Le pied, en peinture sur figurine, c'est quand on peut se passer des décalcomanies et autres dessins déjà gravés sur la Figurine. Le freehand, ou comment peindre à main levée des motifs allant du demi mm (les yeux) à la grande surface (il n'y a pas vraiment de limite)
Partie 1: la théorie
Le freehand, comme tout dessin part d'esquisses. Dans l'idéal, des recherches faites à l'échelle 1:1, ou presque ; si on croque trop grand, on risque de se retrouver avec de grands vides qu'on va tenter de combler, et au passage sur la figurine, on va réaliser que l'on perd des détails, ou carrément des motifs. Et c'est mal.
Les croquis de recherche ne prennent pas compte les éléments gênants de la figurine. Par exemple, la hampe de la bannière, au dos, n'est là que pour figurer le dos (et donner la symétrie). En croquis, ce n'est qu'un simple trait. Cela vaut aussi pour d'éventuelles déchirures ou pièces manquantes. On commence par dessiner l'élément dans son ensemble, puis on voit ce qui passe à la trappe ou non.
Le travail de recherche ne connait pas de limites, ça peut être des films, des illustrations, des tableaux de maitres, des descriptions dans des romans, mais aussi des travaux déjà existants.
Comme vous le voyez, la version définitive ne sera choisie qu'au moment de la peinture, voire même plus tard, quand vous faites des recherches, voyez large, permettez vous plusieurs solutions, dans le cadre d'une armée complète, vous aurez certainement l'occasion de vous resservir des autres idées. Là en l'occurrence, j'ai 2 blasons différents, mais un seul résultat.
Ensuite, le mieux est de dessiner une version "finie" soit à l'échelle 1:1, si le motif est simple et assez gros, soit en agrandit (en essayant de conserver un rapport d'échelle, 2:1 voire 3:1). Ça permet de dessiner proprement les formes, d'un trait net, de trouver les bonnes courbures.
Dans le cadre de freehands que vous devrez souvent répéter, comme un logo d'armée, ou un marquage d'escouade, il est conseillé de connaitre les proportions de dessins que celui-ci respecte. En général, à l'aide d'un quadrillage régulier (ou non), on peut dessiner à peu près n'importe quoi. Ici par exemple, on voit que le poing complet rentre dans deux carrés superposés, eux-mêmes redivisés en 4 carrés. En général, déterminez les axes de votre dessin, les formes géométriques de base, les lignes importantes. En peignant, vous verrez que ces proportions ne sont pas vraies, mais cela vous donne une bonne base (ici, par exemple, la partie basse fait en fait moins d'un carré de haut).
Voici le résultat. Les liserés sont fait en dernier, ça permet une liberté de débordement. La peinture de l'aigle, en gris, est le point le plus compliqué. Il a fallu ombrer ou éclaircir de part et d'autre des lignes du dessin (limites inter-plumes, etc). Dans ce genre de freehand, c'est vraiment les 2-3 derniers glacis, et la dernière touche de couleur pour rattraper une bavure qui font la différence.
Comme vous pouvez le constater, le graphisme de la bannière a évolué depuis les premiers croquis. Je vous conseille de faire les freehands à la fin, ou du moins tardivement, car les éléments dessinés ainsi que les couleurs évolueront selon la figurine.
Si vous êtes adeptes du battle damage, du travail aux pigments ou autres moyens de salissures, le freehand est adapté. Cela renforce l'unité du freehand avec sa figurine.
Partie 2: la pratique
Première étape, vue dans la partie 1, c'est la recherche. Là en l'occurrence, je travaille sur un buste de soldat Sarrasin, je n'ai pas d'époque précise, mais visiblement, l'armure et la tenue correspondent à l'époque des croisades telle que vue dans Kingdom of Heaven, ou Prince of Persia.
A l'origine, les deux plaques d'épaule étaient gravées d'une sorte de rosace et d'un gros clou (une boule quoi). J'ai tout viré, et décidé de peindre ça en freehand. La recherche m'a amené à un symbole, présent dans Kingdom of Heaven (vers la fin, quand ils prennent l'enceinte extérieure, ils agitent des fanions ornées de ce croissant, et Bailan va les déloger). Je suppose que c'est un symbole de l'armée de Saladin.
Le fond? un bleu dé-saturé, tirant vers le turquoise foncé. Un truc un peu délavé quoi.
Première étape, préparer la figurine. A la base, toute l'épaulière a été peinte en noir, puis brossée en boltgun. Là, j'ai utilisé du Drawing Gum (ou Maskol selon les marques). C'est une gomme de masquage. vous l'appliquez (avec un vieux pinceau, une allumette, un vieux bout d'éponge…), ça sèche, vous peignez par dessus, et à la fin, vous l'enlevez en frottant délicatement (au doigt, pinceau gomme, gomme, voire en piquant à la pointe de scalpel… ça part assez facilement). Notez que pour plus de facilité, j'ai aussi masqué les clous sur l'épaulière.
Donc, une fois le drawing gum appliqué, je passe une couche assez fine de régal blue puis plusieurs couches d'un mélange d'enchanter blue + désert yellow. Pas vraiment de proportions, c'est juste dé-saturé, un peu turquoise (bien sur, pensez à dégrader un peu tout ça hein)
Une fois la base finie, je remet quelques coups de drawing gum, là où le dessin sera fait. Ça permettra de faire un côté peinture écaillée à la fois pour le dessins et l'épaule.
Ensuite, je dessine avec une teinte proche de la teinte finale, mais très diluée, l'ébauche du logo. Je fais ça en 2-3 couches, ce n'est pas opaque, mais chaque couche me permet de rectifier une courbe, un galbe.
Une fois satisfait, je peint le logo à proprement parler. Doucement, en plusieurs couches, je remplis ma forme définie en ébauche. les rectifications sont toujours possibles. Dans le cadre d'un freehand à plusieurs couleurs, je commence par le fond, et je remonte. Dans le cadre d'un dégradé (comme sur les freehands IF), je pars sur la couleur de base, et je dégrade ensuite.
Une fois le logo peint, j'attaque les retouches du fond. Par petites touches, je rectifie les débordements, je vire les éléments inutilisés (comme les quadrillages et autres axes dessinés pendant l'ébauche). Là, c'est un jonglage entre plusieurs couleurs, pour obtenir un beau dessin, vous devrez sans doutes vous y reprendre à plusieurs fois.
Optionnel, si vous avez utilisé du masquage, ben enlevez-le, et retouchez les métaux. Enfin, la meilleure idée est de faire un LEGER glacis qui unifie l'ensemble. dans mon cas, ce fut un glacis de désert yellow.
Partie 3: les conseils
Pas besoin d'avoir un don, d'être un génie de la peinture, etc. Vous verriez mes premiers essais, ils sont drôles. Le pinceau doit être le prolongement de votre main, comme le crayon pendant les recherches. Un conseil, dessinez beaucoup, n'ayez pas honte de faire vos croquis à la règle si vous le voulez. Une fois le motif choisi, faites le encore et encore, jusqu'à le maîtriser. Actuellement, je peux dessiner directement le logo IF, sans quadrillage, et ce à différentes échelles.
Une ultime recommandation? Persévérez!
musique: Cancion del Mariaci