Il n'y a pas d'idée conne. Une idée peut être bonne ou mauvaise, folle, réfléchie, en l'air ou terre à terre, mais pas conne.
Kiel, workshop en école d'arts appliqués. Nous sommes rattachés au département de scénographie et design de l'espace, anciennement architecture. Mais ça c'était avant.
Le sujet abordé ici est assez inhabituel pour nous, il ne s'agit pas nécessairement de créer un espace, mais plutôt de l'altérer pour le rapprocher d'un autre espace. (là, j'en ai la moitié qui est sur le point de partir, alors photo).
Nous sommes partis d'un texte. Peu importe, roman de science fiction, poésie lyrique, classique littéraire, ou dans notre cas, un poème écrit par Lalon fin XVIIIe. Qui est Lalon? Un poète un peu mystique qui a vécu au Bengladesh. Pourquoi ce poème? parce qu'on bossait avec un Bengali, Asif. Et parce que l'espace décrit ici avait le mérite de ne pas être concret (comme d'autre l'ont été, une scène de Dom Quichotte par exemple). Cette abstraction nous a donné une certaine liberté dans la suite du travail.
Quel est ce poème? Le problème a été la traduction, de Sanskrit à Bengali, puis en Anglais. Internet regorgeant de versions, nous nous en sommes tenus à celle d'Asif.
Voici la nôtre :
Nobody can tell whence the bird unknownComes into my cage and goes out.I could feign put round its feet the fetter of my mind.Could I but capture him.Eight chambers it has, with nine entrancesthe walls of thorns lie between,From time to time fire flares out;The Citadel on top hidesthe rows of the mirror halls.Luck has abandoned you,O MindOr why should the fowl act so strange?Breaking open the cage once againIt vanishes into the forest!O Mind,You never tire of gazing upon the cage,It is only made of green cane ---It will fall down any moment,Says Lalon, wailing.When an ill-wind blowsThe bird flits out of the cage.Collapses the cage’s tenuous supportAnd the bird has nowhere to stand onThat thought possesses my mindAnd I fell a hectic fever all over my body.Who owns the cage, and whatever is the bird.The bird lives in my yardFor whom do I shed my tears? And wants to veil my visionIf knew beforehand The wild never gets tamed,Then I would not have grown fond of the bird,Now nothing has been left to Lalon except shedding tears.
(lui, c'est Asif)
La seconde partie du travail a été d'extraire des espaces physiques ou pas de ce texte, et de les représenter. Là, nous sommes partis sur le corps. En effet, ce poème (enfin, c'est à l'origine une chanson parlée) traite du rapport entre le corps et l'esprit, la fragilité du premier contre la dépendance du second. Il y est définit de manière classique (pour la culture et l'époque), un temple à 8 salles et 9 portes. Quelque chose de fragile. Pour les 9 portes, je vous renvoie à google, mais pour l'essentiel la frontière entre l'esprit et le monde extérieur, c'est nos sens.
Dernière partie du travail, représenter cet espace. Notre workshop s'est déroulé à Lessingbad, la piscine emblématique de Kiel, là oussque tout les enfants ont appris à nager. Qui dit piscine dit grand bassin, vide en l’occurrence. Il avait été transformé en espace de spectacle, rempli d'estrades et de chaises. Nous avons donc décidé de remplis ce bassin de fumée.
Pourquoi?
Pour proposer un espace ou le visiteur ne serait pas coupé de ses sens, mais où ceux-si seraient altérés. Pour que le visiteur prenne compte de la réalité de son corps, de ses limite, de ses sens. Parce que dans la fumée, on ne voit pas sa main si l'on tend son bras, on entend sans localiser, ça pue (oui, c'est un peu étouffant) et ça a mauvais goût. Mais surtout c'est une manière fragile mais tangible de sentir l'air autour de soi.
Au lieu de fabriquer de toutes pièces un espace correspondant à notre texte, nous avons choisis de Hacker l'espace existant et d'y faire écho à notre analyse.
Techniquement, la partie fumée a été super facile. La piscine fais plus de 800m3, donc nous avons pris deux machines à fumée, chacune avec un réservoir de 4L. Au final, sur les 7 essais et la présentation finale, nous aurons utilisé une quinzaine de litres de mélange. La difficulté fut la température. La fumée, en sortant de la machine, est chaude. Environ 30° à 40°. En sortant, elle se refroidit pour se rapprocher de la température ambiante (au bout d'une heure ou deux, c'est un sauna). Mais il ne faut pas oublier que la chaleur monte. lors des premiers essais, la fumée montait puis se stabilisait en une couche épaisse là où la température de l'air devenait plus élevée. Puis progressivement, elle emplissait tout l'espace. Pour maintenir l'illusion d'un bassin remplit, il nous a donc fallu la refroidir. Nous avons fabriqué deux tubes réfrigérés : deux tubes en alu (diamètre 300mm) remplis de glace de poissonnier (une glace salée congelée à -18°), la fumée passant par un tube en grillage au centre. Grâce à ce système, ça a marché.
Un fait amusant est qu'une fois que les visiteurs commençaient à rentrer dans le bassin, leur volume en fumée s'élevait, faisant apparaitre des trainées montantes, voire même des colonnes (quand ceux-cis s'arrêtaient pour faire des photos).
Après 20-30 min, l'ensemble de la pièce était enfumé.
Et voici un Gif de notre dernière répétition, à défaut de vidéo correcte. En espérant que ça marche. Temps réel... environ 25 min. le gif est un peu lourd, s'il ne se charge pas, il est dispo ici.
Et dans la foulée, notre panneau de 1m x 1m, parce qu'avec l'explication à côté, bah ya plus grand chose à rajouter.
P. Broca - G. Blisse - A. Iqbal Ryan
Voilà, tant qu'on en est à parler du master itinérant, sachez que suite à une décision de la fac "mère", BTU Cottbus, la 3e promotion de Reiseuni a été annulée il y a deux jours, à moins de 3 semaines de leur rentrée. Plus dans les semaines à venir, ou sur ce blog créé pour l'occasion
http://asgcancelled.blogspot.com/
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